Randonnée itinérante du 4 au 9 septembre 2009
Album photos associé: Lozere-septembre-2009
Aux confins septentrionaux des Cévennes, le Mont Lozère est une vaste croupe orientée "est - ouest" qui culmine au Pic de Finiels à 1 702 m d'altitude.
Pour quelqu'un qui viendrait du nord, il marque aussi la fin des plateaux sud du Massif Central.
De ses flancs, de nombreux ruisseaux s'écoulent vers des horizons différents.
Sur le versant nord, dans un rayon de moins de cinq kilomètres, trois rivières majeures prennent leurs sources: l'Allier part vers le nord pour aller rejoindre La Loire et l'Atlantique à Nantes, Le Chassezac coule vers l'est et va alimenter l'Ardèche, Le Rhône et la Méditerranée. Et Le Lot commence son cours tranquille vers l'ouest et La Garonne qu'il rejoint à Aiguillon.
Sur le versant sud, Le Tarn, après avoir entaillé la région des Grands Causses de ses gorges majestueuss, va lui aussi grossir le cours de la Garonne vers Moissac.
A la fin de l'été 2009 j'ai emmené un groupe d'amis dans une randonnée itinérante de six jours, autour du Mont Lozère, au départ de Villefort.
J'ai construit mon itinéraire sur la base du GR 68 "Tour du Mont Lozère", labellisé par la F.F.R.P., en évitant la partie ouest que je trouvais moins intéressante. A proximité du Bleymard, j'ai coupé vers Le Pont de Montvert par le GR 70, pour passer au sommet de Finiels.
Le vendredi 4 septembre 2009, nous sommes à pied d'oeuvre, confortablement installés au gîte d'étape communal de Villefort. Enfin presque confortablement, car dans ce gîte en gestion libre, nous n'avons pas trouvé les fusibles qui avaient sauté quand on a voulu allumer la lumière. C'est donc avec les lampes de chevet récupérées dans les chambres et "à la bougie" que la soirée s'est déroulée! Ambiance feutrée assurée.
Samedi 5 septembre.
La première étape va nous conduire jusque Cubières, à 20 km de notre point de départ.
Villefort se trouve a proximité du barrage sur la rivière Altier, affluent du Chassezac.
Notre chemin grimpe sur le coteau dominant le barrage, offrant de belles vues sur le lac et la vallée.
Nous cheminons en balcon, traversant des petits hameaux aux maisons en pierre grises.
Rabeyral, l'Habitarelle, Villespace, Bergognon, villages d'agriculteurs quelque peu abandonnés qui reprennent vie grâce à l'aménagement de résidences secondaires.
Nous sommes dans un pays granitique, au croupes boisées ou dénudées, parsemées de forêts de feuillus ou de landes couvertes de genêts, c'est un véritable festival de couleurs.
La pause repas près d'un ruisseau donne l'occasion à certains de se rafraichir les pieds déjà bien échauffés.
Dans le village de Pomaret, nous traversons un petit ruisseau, La Lozère, qui ne fait que quelques kilomètres et se jette dans l'Altier tout proche. C'est ce ruisseau qui a donné son nom au département.
A Cubières, nous logeons dans un petit hôtel, l'Hôtel Bargeton, simple et confortable, repas copieux et cuisine soignée. A recommander.
Dimanche 6 septembre.
Ce sera aujourd'hui le "gros morceau" de l'itinérance, la traversée du Mont Lozère, distance et dénivelé seront au programme.
L'estomac bien calé par un petit-déjeuner copieux, nous prenons le chemin qui mène au Col Santel, carrefour de pistes, GR 70, GR 68, GR 44,.....
Nous allons justement emprunter ce fameux GR 70, ou "Chemin de Stevenson", rendu célèbre par Robert Louis Stevenson, premier "trekkeur" et premier rédacteur de "topo" sans le savoir.
Car après avoir traversé la Haute Loire, la Margeride et les Cévennes du nord au sud, entre Le Monastier sur Gazeille et Saint Jean du Gard, cet écrivain-randonneur a publié un livre, "Voyage avec un âne dans les Cévennes", dans lequel il raconte et décrit son périple.
Je conseille à ce sujet, la visite du site internet << http://www.chemin-stevenson.org/ >>
Nous mettons donc nos pas dans ceux de RL Stevenson et montons à l'assaut du Mont Lozère.
Arrivés aux Chalets du Mont Lozère, petite station de ski, nous nous accordons une pause-café, et faisons connaissance avec un couple de randonneurs allemands, qui après avoir "arrimé" leurs bagages sur l'ânesse "Muscade" s'apprêtent eux aussi à franchir la montagne.
La montée à travers les bruyères et les myrtilliers est superbe. Des tons du rouge au brun en passant par les mauves, les ocres, c'est une débauche de couleurs d'automne.
Nous suivons une "draille", autrefois itinéraire emprunté par les troupeaux de moutons, qui, partant des plaines du sud, remontaient jusque la Margeride et l'Aubrac pour passer l'été. Ces véritables "autoroute à troupeaux" sont encore visibles de part en part, nous aurons d'ailleurs l'occasion d'en suivre d'autres.
Le sentier est balisé par des blocs de granit dressés, "les Montjoies", qui étaient en fait des repères pour les voyageurs ou pélerins. Des croix sont souvent gravées sur ces pierres.
Arrivés au sommet de Finiels, à 1699 m, nous retrouvons nos randonneurs allemands et "Muscade", en grande discussion avec d'autres randonneurs-âniers.
La panorama est superbe. Comme je l'ai dis plus haut, le Mont Lozère est une charnière entre Massif central au nord et Cévennes au sud. La vue s'étend à l'infini.
Il y a trop de vent sur la crête, nous descendons coté sud pour le pique-nique, suivi d'une sieste réparatrice.
La descente sur Le Pont de Montvert sera longue, très longue. Il fait chaud, les gourdes sont vides, heureusement la fontaine du hameau de Finiels permet de faire le plein!
Au Pont de Monvert, village sur le Tarn tout juste sorti des flancs de la montagne, cité historique qui s'est illustrée pendant la guerre contre les Camisards, nous nous installons à "l'Auberge de la Truite Enchantée", établissement qui est, lui aussi, à recommander.
Au menu du soir.........des truites!...
Lundi 7 septembre.
Le départ est raide, car passé le vieux pont sur le Tarn, il faut s'extirper de la vallée par la draille et grimper sur la Montagne du Bougés.
A la sortie du village, nous croisons notre amie allemande qui cherche désespérément son annesse "Muscade". Celle-ci a dû s'échapper de son enclos dans la nuit, le portail ayant dû rester ouvert, ou mal refermé par des passants.
Nous traversons des landes magnifiques, encombrées de gros blocs granitiques venus ont ne sait d'où. Des burons en pierre se tapissent dans les creux, à l'abri du vent.
Un 4X4 vient vers nous. C'est le propriétaire de "Muscade", qui alerté par nos allemands, nous demande si on n'a pas vu une ânesse en vadrouille...! Non, pas vu d'ânesse...! La "Muscade" a dû en avoir marre, elle est rentrée chez elle toute seule!
Pauvres allemands, qui vont devoir continuer leur voyage avec le bât et les bagages sur le dos!..... Hi Han!!!!! Je rigole mais c'est vraiment pas drôle! Une histoire pareille, ça te fout ton voyage en l'air!
La Montagne du Bougés est une longue échine boisée ménageant quelques belvédères sur la vallée de La Mimente qui arrose Florac tout proche.
Après le repas, pendant que certains s'octroyent une petite sieste, d'autres vont grimper sur un de ces belvédères, pour voir "ce qu'il y a derrière"!
Le Signal de Ventalon, atteint en fin d'après-midi, offre un observatoire de premier plan sur l'ensemble des Cévennes, vers le sud-est. Il se trouve sur la ligne de partage des eaux Atlantique - Méditérranée.
Il ne nous reste plus qu'à nous laisser "glisser" jusqu'au Col de la Croix de Berthel par une immense draille. C'est là que nous trouvons notre hébergement, le gîte de La Bastide, pour l'étape de ce soir.
Mardi 8 septembre.
Nous passerons la journée sur les Hauts Plateaux.
Nous rattrapons la grande draille abandonnée hier soir pour rejoindre le gîte, et nous nous dirigeons vers le village d'Aubaret.
Nous traversons de grandes étendues de landes couvertes de genêts et parsemées de gros blocs de granit. L'itinéraire vallonné nous permet de bénéficier de large vues sur le pays cévenol.
A l'entrée du village d'Aubaret, un magnifique pont en pierre franc hi un ruisseau à sec.
Un troupeau de moutons et de chèvres s'ébat non loin d'une ferme et un patou vient vers nous pour nous signifier qu'il ne faut pas approcher de "son" troupeau!
Dans le village suivant, à La Vialasse, nous rencontrons un "indigène", barbu, hirsute, qui nous propose de venir visiter sa forge. C'est un artiste, immensément méconnu, qui réalise toutes sortes d'objets en fer forgé, qu'il propose à la vente bien entendu. Nous déclinons ses propositions d'achat, arguant du fait que nos sacs sont déjà très lourds et nous reprenons le chemin.
La pause casse-croûte au village abandonné de Gourdouze est la bienvenue et la sieste réparatrice à souhait!
Des troupeaux de vaches de race "Aubrac" paissent dans les landes où là encore on trouve des amoncellements de blocs de granit. Surprenant!
Les paysages sont toujours aussi sublimes, les lignes de crêtes successives s'estompent dans la brume.
Il nous faut perdre beaucoup d'altitude pour rejoindre le gîte de Toureves.
C'est une grosse bâtisse perdue en pleine montagne, retapée avec soin et dans le style du pays. L'accueil y est chaleureux. Le repas composé de spécialités locales nous permet de refaire le plein d'énergie.
Soirée sur la terrasse, face au sud et aux montagnes descendant doucement vers le Pays d'Alès, bol de tisanne locale entre les mains, dans la quiètude du crépuscule automnal.......
(houlà, je sais pas ce qu'il y avait dans cette tisanne, mais y avait pas que de la verveine...!)
Mercredi 9 septembre.
Retour vers la case départ. Il nous faut rejoindre Villefort.
Après le petit-déjeuner sur la terrasse au soleil levant, nous reprenons le chemin en suivant vers le nord, la haute vallée de La Cèze, affluent du Rhône.
Le côteau est tourmenté et pour avancer de quelques kilomètres en ligne droite, il nous faut contourner des ravins et des vallons adjacents.
Nous cheminons d'abord dans une forêt de conifères, puis après le Col de Rabuzat, nous nous retrouvons sur une large croupe déboisée, couverte de genêts géants, dans lesquels le chemin disparait presque complètement (comme certaines d'entre-nous d'ailleurs!)
La descente sur Villefort sur une piste très large semble interminable. Pourtant les kilomètres ici, à la fin de ce périple, ne sont pas plus longs que ceux du départ. Mais l'arrivée étant proche, on a hâte d'en finir.
Ca y est, on aperçoit les toits du village, le gîte d'étape où les voitures nous attendent est là.
Reste à retrouver les clés au fond des sacs.....!
Fin d'une belle itinérance de presque 100 kilomètres, à travers des paysages contrastés, le Nord et le Sud de la montagne présentants des caractères très différents.
L'accueil dans les gîtes a été très bon, chacun d'entre-eux avec ses particularités.
L'équipe a bien marché, il n'y a pas eu de "bobos", tout le monde est prêt à repartir.
Voilà, c'est fini, faut rentrer à la maison, il y a encore au moins quatre heures de route!
Hé, attendez, on va prendre un dernier "pot" pour fêter la réussite et la fin de cette belle aventure....!